Message de l'Ombudsman - le 17 septembre 2012

Ombudsman publie le rapport spécial Ténacité dans l’adversité

Je suis très heureux aujourd’hui de publier notre dernier rapport spécial intitulé Ténacité dans l’adversité : Évaluation de la prestation des soins offerts aux membres des Forces canadiennes souffrant de traumatismes liés au stress opérationnel, soins dont ils ont besoin et auxquels ils ont droit. Il s’agit de notre troisième enquête de suivi qui porte sur la capacité des Forces canadiennes à relever le défi que constituent le syndrome de stress post-traumatique et les autres traumatismes liés au stress opérationnel.
 

À la suite d’une vaste enquête d’une durée de dix mois, y compris des entrevues avec près de 500 personnes de partout au pays, nous avons a conclu que les Forces canadiennes ont réalisé d’importants progrès dans la mise en œuvre des recommandations précédentes formulées par le Bureau et dans l’examen des lacunes en ce qui concerne le dépistage, la prévention et le traitement des problèmes de santé mentale liés aux opérations. Des 16 recommandations formulées par le Bureau dans son rapport de suivi plus général Un long chemin vers la guérison de 2008 et son étude de cas sur la situation à Petawawa de 2008, nous avons constaté que les Forces canadiennes ont satisfait, partiellement satisfait ou sont dans le processus de satisfaire 12 de celles-ci. Des autres recommandations, deux étaient non concluantes, une n’a pas été satisfaite et une n’était plus pertinente.
 

En plus d’évaluer l’état des recommandations précédentes du Bureau, notre rapport souligne aussi plusieurs constatations plus vastes de l’enquête. Plus particulièrement, nous avons conclu que la capacité visée des Forces canadiennes en soins de santé mentale a évolué au cours de la dernière décennie, passant d’un système ad hoc à une structure qui offre des soins globaux intégrés aux membres des Forces canadiennes qui souffrent du syndrome de stress post-traumatique et d’autres traumatismes liés au stress opérationnel. Nous avons reconnu le rôle et l’engagement des officiers supérieurs dans la croissance et l’évolution de la structure militaire en matière de santé mentale entre 2002 et 2012. Nous avons également reconnu le professionnalisme et le dévouement des fournisseurs de soins en santé mentale comme l’élément crucial du fonctionnement général du système de soins en santé mentale.
 

Je suis heureux de constater que les soins et le traitement des membres des Forces canadiennes qui souffrent d’un traumatisme lié au stress opérationnel se sont améliorés depuis 2008 et qu’ils sont nettement supérieurs à ceux qui existaient en 2002. Malheureusement, le système de soins en santé mentale des Forces canadiennes présente toujours des lacunes importantes qui nuisent gravement aux soins et au soutien offerts à ceux qui souffrent d’un problème de santé mentale lié aux opérations et à leurs membres de famille immédiats.
 

Parmi les principales lacunes, nous avons conclu que le manque persistant de personnel des soins en santé mentale qualifié est le plus gros obstacle à la prestation de soins et de traitement universels de haute qualité aux membres des Forces canadiennes qui souffrent de problèmes de santé mentale. Nous avons noté que, bien que les Forces canadiennes doivent employer environ 447 praticiens en santé mentale, leur effectif en santé mentale n’a jamais dépassé les 380 employés et n’a pas augmenté depuis 2010. De plus, nous avons conclu que la pénurie dans la communauté des fournisseurs de soins de plusieurs bases militaires où le défi en matière de traumatismes de stress opérationnel était plus aigu était en fait plus sérieuse que la pénurie nationale persistante de 15 à 22 p.100.
 

Dans le rapport Ténacité dans l’adversité, nous avons également exprimé notre frustration à l’égard du Ministère et des Forces canadiennes qui continuent d’ignorer une recommandation cruciale formulée dans les rapports spéciaux du Bureau de 2002 et de 2008 : la création d’une base nationale de données qui reflète exactement le nombre de membres des Forces canadiennes qui souffrent de traumatismes causés par le stress.
 

Nous avons également critiqué le régime de mesure du rendement limité qui est en place pour surveiller le système de santé mentale des Forces canadiennes et faire rapport sur son efficacité. À la suite de l’enquête, nous avons constaté que la capacité visée en santé mentale des Forces canadiennes n’a pas fait l’objet d’une mesure de rendement qualitative, récurrente et visant l’ensemble du système au cours des dix dernières années, et ce, en dépit du fait qu’elle est l’une des grandes priorités de l’institution et malgré les ressources considérables (argent, temps et énergie) investies dans le système de santé mentale.
 

Étant donné la pénurie chronique des fournisseurs de soins en santé mentale et le manque de mesure du rendement qualitative, il était impossible d’évaluer la pertinence du financement affecté aux besoins impératifs des traumatismes liés au stress opérationnel ou si la structure actuelle en matière de santé mentale est suffisamment solide pour répondre à la demande.
 

Dans notre rapport, nous avons formulé six recommandations pour aider les Forces canadiennes à se positionner pour relever les défis futurs liés au syndrome de stress post-traumatique et aux autres traumatismes de stress opérationnel et pour s’assurer que les membres des Forces canadiennes souffrant d’un problème de santé mentale obtiennent les soins appropriés. Par exemple, nous recommandons une campagne de recrutement novatrice visant à accroître le nombre de praticiens en santé, la mise en œuvre d’une mesure de rendement systémique du programme sur les traumatismes liés au stress opérationnel, une réévaluation globale de la capacité visée des Forces canadiennes en matière de traumatismes liés au stress opérationnel et l’examen d’une application plus moderne du principe de l’universalité du service.
 

Nous avons aussi souligné l’importance de maintenir des efforts concertés sur la prestation de soins et de soutien à ceux qui souffrent de syndrome de stress post-traumatique et d’autres traumatismes liés au stress opérationnel. Malgré le ralentissement naturel découlant de l’après Afghanistan et les restrictions budgétaires imposées à l’ensemble du gouvernement fédéral, il est peu probable que les défis des Forces canadiennes en matière de santé mentale ne diminuent dans les années à venir. Par conséquent, nous incitons à la prudence lors des examens futurs relatifs à une réduction des ressources ou des programmes de prestation de soins et de soutien aux membres des Forces canadiennes souffrant d’un traumatisme lié au stress opérationnel.
 

Une liste complète des constatations et des recommandations et de l’information supplémentaire sur le rapport de l’Ombudsman se trouve sur le site Web du Bureau à l’adresse suivante : www.ombudsman.forces.gc.ca.
 

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