Points de discussion pour le cmdt acd aux commandants des écoles, aux instructeurs principaux et aux officiers responsables de la discipline

Major-général Daniel Gosselin, Commandant ACD

2 Août 2007 – Introduction

Je suis ici aujourd’hui pour parler de l’instruction et de la prestation des services dans les deux langues officielles, ici à Borden et à l’échelle des Forces. Le Chef d’état-major de la Défense, le Général Hillier, m’a demandé de vous rencontrer ici aujourd’hui parce qu’il sait qu’il y a des préoccupations à ce sujet, et il veut que je vous explique ce que nous faisons pour améliorer les choses dans ce domaine.

J’aimerais remercier les cmdt des écoles qui ne sont pas dans ma chaîne de commandement de s’être joints à nous aujourd’hui. Votre présence démontre votre engagement envers la politique des langues officielles des FC.

J’aimerais d’abord souligner que je ne suis pas ici simplement parce que l’ombudsman a soulevé des préoccupations au sujet des langues officielles à la BFC Borden. La BFC Borden et l’ACD ont pris des mesures concrètes à ce sujet et j’aimerais parler à la fois des succès et des aspects qui nécessitent des solutions immédiates et à long terme. Je suis ici pour qu’il n’y ait aucun doute quant à mes directives et mon intention en ce qui a trait à l’II et E dans les deux langues officielles.

Je m’adresse à vous parce que vous êtes les chefs et je m’attends à ce que vous souteniez et que vous suiviez mes directives et que vous veilliez à ce que le message soit transmis à vos subordonnés.

Mes commentaires porteront principalement sur quatre aspects :

  • Les droits linguistiques
  • Les attitudes de tout l’état-major des écoles et des bases
  • L’instruction dans la langue de son choix
  • La disponibilité des services de la base et le soutien communautaire pour les étudiants francophones et leurs familles

Contexte stratégique

J’aimerais d’abord placer en contexte tous les défis auxquels nous faisons tous face. Je discuterai de la transformation des FC, de l’expansion de la Force et de la campagne de l’Afghanistan pour vous donner une idée des nombreuses questions qui influent sur la prestation de l’II et E.

Droits linguistiques

  • Langues officielles — il y en a deux
  • Capacité et soutien pour travailler dans la langue officielle
  • Instruction dans la langue de son choix

Tout d’abord, comme vous le savez, l’anglais et le français sont les deux langues officielles du Canada. Conformément à la Loi sur les langues officielles, le MDN et les FC sont déterminés à veiller à ce que le français et l’anglais aient un statut égal en ce qui a trait à leur utilisation au MDN et dans les FC. Cela signifie que nous sommes engagés à permettre au personnel civil et militaire de travailler et de faire carrière dans la langue officielle de son choix, non seulement parce que la loi le prescrit, mais parce que c’est la bonne chose à faire. C’est aussi logique du point de vue opérationnel. Une Force qui favorise la vitalité de ses groupes linguistiques sera plus forte, plus compétente et prête à évoluer avec succès dans le climat opérationnel complexe et moderne d’aujourd’hui. En appuyant l’instruction et la prestation de services dans la langue de choix, nous contribuons à rehausser la capacité opérationnelle.

Leadership et attitude

  • Vous devez être les dirigeants, et il vous incombe de veiller à ce que vos organisations et vos états-majors appuient la prestation de services et d’II et E dans la langue officielle de son choix
  • Vous devez être déterminés à appuyer le droit de fournir des services et l’II et E et à apporter des changements en vue d’améliorer les choses
  • Je ne supporterai pas d’attitudes négatives ou intolérantes de la part de l’état major. Des mesures administratives et disciplinaires seront prises rapidement au besoin.

J’aimerais réitérer vos responsabilités en ce qui a trait à l’instruction et à la prestation de services dans les deux langues officielles. Je sais que la direction de la base connaît ses responsabilités en matière de langues officielles et qu’elle travaille en vue de fournir l’instruction et les services dans les deux langues, et je ferai tout mon possible afin d’obtenir les ressources nécessaires pour appuyer ce travail. Je peux vous assurer que la direction de la base est pleinement consciente de mon engagement et de celui du CEMD envers le respect des exigences en matière de langues officielles. Je veux aussi réitérer que je m’attends à ce que vous appuyiez tous le droit de recevoir des services et l’II et E dans la langue de son choix. Je ne supporterai pas d’attitudes négatives ou intolérantes de votre part ou de la part de votre personnel. Des mesures administratives et disciplinaires seront prises au besoin. J’aimerais qu’on s’entende tous là-dessus. Ya-t-il des questions?

L’autre préoccupation exprimée a trait à la prestation de services – médicaux, dentaires, services de paye, etc., – en français ici à Borden. C’est une préoccupation légitime et j’aimerais que tous les membres de la direction ici à Borden, au QG de l’ACD à Kingston et au QGDN tentent de la résoudre. Donc, que faisons-nous?

Mesures immédiates

La BFC Borden a déjà pris un certain nombre de mesures immédiates, que j’appuie fortement :

  • À compter d’aujourd’hui, tous les nouveaux étudiants qui arrivent à la BFC Borden devront assister à une séance d’orientation et d’information sur leurs droits et responsabilités linguistiques.
  • Le commandant de la BFC Borden a nommé le Major Jack Bouchard, officier d’administration adjoint de la base – présent ici aujourd’hui – comme champion des langues officielles. Le Major Bouchard est en contact direct avec le commandant de la base pour ce qui est des questions liées aux langues officielles et relève de lui pour la supervision du programme des langues officielles. Il est également chargé d’informer les commandants des écoles, les commandants des unités et les chefs de la BFC Borden sur les questions liées aux langues officielles et d’élaborer des solutions aux problèmes cernés.
  • Cet après-midi, je dirai aux étudiants que, même si je les encourage fortement à soulever toute préoccupation concernant les langues officielles par l’entremise de la chaîne de commandement, ils peuvent aussi faire part de leurs observations directement au Major Bouchard. De plus, les étudiants peuvent s’attendre à recevoir une réponse dans les deux jours suivant le dépôt d’une plainte. Ces renseignements leur seront communiqués lors des sessions d’orientation et de sensibilisation organisées à l’intention des nouveaux venus et dont je viens de parler.
  • La base intègre aussi aux formalités de départ un sondage sur les questions liées à la langue de son choix et sur la façon d’aborder les lacunes. Cela aidera le commandant de la base à ajuster les programmes et les services de manière à mieux répondre aux besoins.

La base a aussi entrepris plusieurs initiatives à long terme, de concert avec mon état-major à Kingston et l’état-major du Chef du personnel militaire à Ottawa, en vue de s’assurer que la dispense de l’instruction et la prestation des services dans les deux langues officielles continuent de s’améliorer avec le temps.

Par exemple, la BFC Borden a élaboré un Plan stratégique sur les langues officielles qui est conforme au modèle des langues officielles des FC. Ce plan comporte trois objectifs précis : s’assurer d’avoir du personnel possédant les qualifications linguistiques nécessaires au bon endroit et au bon moment; rehausser la sensibilisation et l’éducation concernant les langues officielles; mesurer avec exactitude notre capacité à fournir, de façon constante, des services bilingues et une instruction dans la langue de son choix afin que nous puissions prendre les décisions appropriées. Je travaille avec le Chef du personnel militaire en vue de trouver les ressources pour mettre ce plan en œuvre.

Questions liées à l’instruction

  • Le but visé est d’intégrer les candidats dans les unités opérationnelles le plus rapidement possible.
  • L’expansion de la Force a fait augmenter le recrutement et l’enrôlement, mais le système d’instruction a encore du rattrapage à faire.
  • Il ne s’agit pas seulement d’une problématique visant les francophones. Le CFCR est composé d’un tiers de francophones et de deux tiers d’anglophones.
  • Plus d’argent pour la traduction
  • Besoin d’augmenter le personnel d’instruction bilingue
  • Le CMDT ACD sera la seule personne (par l’entremise du DPD) qui pourra autoriser l’annulation de cours
  • Diversification des modes de dispense de l’instruction
  • Toutes les personnes concernées doivent faire preuve de créativité et d’innovation

Je vais commencer par discuter de la question de l’instruction

  • Nous voulons que tous les étudiants reçoivent leur instruction et soient intégrés à leur unité le plus rapidement possible. Pourquoi donc y a-t-il des retards dans l’atteinte de cet objectif?
  • Vous devriez savoir que la plupart des retards dans la dispense de l’instruction ne sont pas dus à des problèmes de langue. Des quelque 850 soldats, marins et équipage d’aéronef actuellement inscrits au CFCR (Centre de formation consécutive au recrutement), environ un tiers sont francophones, et deux tiers sont anglophones. Ce retard général résulte d’une vaste campagne de recrutement menée dans le cadre des activités d’expansion de la Force, sans une augmentation comparable des capacités d’instruction. Nous avons subi d’importantes réductions des effectifs au milieu des années 90 et nous n’avons jamais retrouvé l’équivalent du personnel d’instruction que nous avions auparavant. Nous assistons actuellement à une recrudescence des activités de recrutement pour remplacer les Baby Boomers qui partent à la retraite et pour augmenter la taille des Forces; le problème est que notre capacité de fournir l’instruction – surtout en français – n’a pas suivi le pas. Il en a résulté une augmentation du nombre de candidats qui attendent de recevoir une instruction. Dans quelques instants, je parlerai des mesures que nous prenons pour rectifier ce problème.

Initiatives clés :

J’aimerais discuter de ce que nous faisons pour réduire les temps d’attente entre la QMB et l’instruction du NQ3. Tout d’abord, qu’est-ce qui nous empêche d’augmenter nos capacités de production? Plusieurs choses.

  • Premièrement, il nous faut davantage de matériel dans les deux langues officielles. Pour rectifier ce problème, nous dépensons plus de 1,5 M$ en services de traduction cette année, soit près du double de ce que nous avons dépensé l’an dernier.
  • Deuxièmement – des capacités d’instruction limitées. Ce problème est plus difficile à résoudre. Pour augmenter la production, il nous faut non seulement plus de salles de classe, de camions, de boîtes à outils, etc., mais aussi davantage de personnel – du personnel bilingue. La pénurie de personnel militaire est à l’origine de plusieurs des frustrations qui ont été exprimées. [Prenons l’EALFC par exemple : elle compte 212 postes militaires. De ce chiffre, 134 sont censés être comblés par du personnel bilingue ou francophone. Mais seulement 63 membres possédant les compétences linguistiques nécessaires travaillent à l’école]. Autrement dit, je me rends compte que bien des écoles n’ont pas suffisamment de personnel pour enseigner. De toute évidence, cela crée des retards dans l’établissement du calendrier d’instruction, mais ceci a aussi d’autres répercussions. Par exemple, étant donné que presque tout le personnel francophone doit accomplir des fonctions d’instruction, peu d’entre eux ont le temps de préparer du matériel de cours ou de corriger des documents provenant des services de traduction. Cela crée des conditions moins qu’idéales pour l’élaboration de didacticiels.

Il y a aussi le fait que la cadence opérationnelle crée un besoin considérable de personnel militaire bilingue pour travailler au quartier général et dans les services de soutien à l’étranger. Cela limite le nombre de militaires pouvant être affectés aux écoles et à la BFC Borden. Ce n’est pas une situation que la base peut rectifier; donc je travaillerai avec le Chef du personnel militaire pour essayer d’augmenter nos effectifs à l’avenir.

J’espère que nous verrons des améliorations à ce chapitre l’an prochain. Entre temps, dans la mesure du possible, nous augmentons l’instruction offerte en ayant recours à d’autres fournisseurs. Nous embauchons des instructeurs qui viennent dans nos écoles pour que nous puissions offrir davantage de cours, et nous envoyons un nombre considérable de techniciens de véhicules et de cuisiniers dans des collèges communautaires. Tout d’abord, le GISFC augmente considérablement sa capacité de production en travaillant avec des collèges communautaires. Cet automne, par exemple, nous enverrons des étudiants dans des collèges pour qu’ils deviennent techniciens de véhicules, cuisiniers et techniciens médicaux. Également, l’E Pomp FC offrira, au début de l’hiver, un cours pour pompiers en français qui n’était pas offert auparavant parce que l’école envoyait ses étudiants anglophones dans des collèges communautaires. Nous n’avons pas encore trouvé d’école de pompiers francophone convenable, mais nous continuons à en chercher une. L’an prochain, si les ressources le permettent, nous chercherons encore davantage de moyens d’élargir nos programmes d’instruction. Ces solutions ne résoudront pas du jour au lendemain le problème des temps d’attente, mais elles constituent un pas dans la bonne direction.

J’ai aussi exigé à ce que le CMDT ACD soit la seule personne (par l’entremise du Directeur de perfectionnement professionnel – DPP) qui puisse autoriser l’annulation de cours pour les francophones. Je veux qu’on me mette au courant avant d’annuler un cours quelconque, afin de déterminer si je peux trouver une solution de rechange.

Enfin, je ne peux trop insister sur le besoin pour vous de chercher des solutions novatrices pour la dispense des cours. Pour utiliser un cliché, nous devons « sortir des sentiers battus ». Faites preuve de créativité et je verrai ce que je peux faire pour vous aider. Depuis des années, la 16e Escadre (ETGAFC) a recours à des fournisseurs pour la dispense de cours. Il y a un prix à payer, mais j’ai besoin que vous examiniez ces options. L’expansion de la Force est loin d’être terminée et j’ai besoin que vous réfléchissiez à des solutions permanentes. Je ne m’attends pas à ce que nous voyions beaucoup de personnel bilingue additionnel bientôt.

Services de la base et soutien à la communauté

(Demander au cmdt de la base d’animer cette section)

Le coordonnateur des langues officielles de la base est en train d’élaborer une base de données pour réunir des renseignements provenant d’une variété de sources, y compris les formulaires d’observation sur les langues officielles.

Sondages auprès des étudiants sortants et autres documents. Cette base de données nous aidera à ajuster les programmes au besoin.

  • La base a commandé une quantité considérable de matériel sur les langues officielles - affiches, dépliants, brochures et vidéos. Ce matériel sera distribué une fois arrivé; il contiendra les coordonnées de personnes-ressources et nous aidera à informer notre communauté de ses droits et responsabilités en matière de langues officielles.
  • Pour compléter ce programme d’information, nous sommes en train de remanier le site Web de la BFC Borden et d’y ajouter une nouvelle page pour le CLOB qui servira de portail pour tous les types de renseignements sur les langues officielles. On est aussi en train d’établir un espace dans le Borden Citizen et dans le Student Citizen où on peut fournir des renseignements sur les langues officielles.
  • Le coordonnateur des langues officielles de la base est aussi en train d’organiser une séance d’information prévue pour le début de l’automne, après l’arrivée du nouveau personnel. Cette session se déroulera sur une période de deux jours et se tiendra dans un endroit central de la base où tous les membres de l’Équipe de la Défense, ainsi que des membres de la communauté, pourront y assister et obtenir des renseignements sur les langues officielles. Le champion des langues officielles de la BFC Borden et le coordonnateur des langues officielles de la base seront présents pour répondre à des questions. Également, les organisations francophones locales seront invitées à promouvoir leurs services et nous leur fournirons des kiosques d’exposition.
  • Enfin, un certain nombre d’initiatives de plus petite envergure mais néanmoins importantes sont en chantier. Par exemple, on est en train de produire des bannières pour promouvoir l’utilisation des langues officielles. Elles seront placées aux diverses entrées de la base et porteront les mentions suivantes : « Français ou anglais... Allez-y, c'est votre choix!» et « Les langues officielles... Une question de service. » Ce sont là les slogans approuvés pour le programme des langues officielles des Forces canadiennes. La BFC Borden commencera aussi à tenir des réunions d’information casse-croûte en français et en anglais où ceux qui veulent s’exercer à converser dans leur langue seconde peuvent le faire dans un environnement confortable et social. De simples initiatives comme celles-ci se sont avérées une réussite à d’autres endroits.

Bien que nous fassions d’importants progrès, je dois reconnaître que nous n’avançons pas aussi vite que beaucoup d’entre nous aimeraient. Ce n’est pas par manque de volonté, mais plutôt parce que nous avons d’imposants obstacles à surmonter. Vous savez, par exemple, qu’il est souvent difficile de recruter des civils bilingues et francophones pour travailler à la base parce qu’il n’y a pas beaucoup de francophones dans cette région du Canada. Les efforts visant à recruter des réservistes francophones n’ont eu que peu de succès. Si on leur donne le choix entre vivre et travailler dans un environnement francophone et vivre et travailler dans une région à prédominance anglophone, la plupart des réservistes choisissent de rester chez eux. Nous continuerons d’essayer d’attirer du personnel qualifié, mais il est probable que cela
 restera un défi.

Dernières remarques

Pour résumer, il y a des préoccupations légitimes concernant notre capacité d’offrir aux étudiants de la BFC Borden une instruction et des services dans la langue de leur choix. Nous sommes conscients de ces préoccupations et nous sommes déterminés à y donner suite. Je sais que les états-majors ici à Borden, à mon QG à Kingston, au Quartier général de la 1re Division aérienne du Canada à Winnipeg et au QGDN à Ottawa travaillent tous en vue d’améliorer la prestation des services aussi rapidement que possible. Nous faisons face à des défis, mais nous arriverons à les relever. Je crois que vous saisissez bien le sérieux de la question et ma position à ce sujet. Je m’attends à ce que vous et tout le personnel appuyiez le droit qu’on les militaires des FC de recevoir des services et l’II et E dans la langue de leur choix. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.

SEUL LE TEXTE PRONONCÉ FAIT FOI

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