Résumé des constatations

Évaluation préliminaire – Personnel en attente d’instruction (PAI)

Contexte

En novembre 2013, l’Ombudsman du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes (FAC) a effectué une visite de prise de contact à Wainwright (Alberta). Lors de cette visite, des militaires se sont dits préoccupés du fait que le PAI passe souvent de longues périodes sans tâche significative ni structure, en attendant l’instruction professionnelle. Certains se sont aussi préoccupés au sujet de la capacité du personnel de bien gérer et superviser le PAI.
  

Enjeu

En janvier 2014, nous avons entamé une évaluation préliminaire afin de déterminer plus précisément le nombre de PAI, la durée d’attente moyenne des cours professionnels pour les PAI, l’impact de ces délais sur les PAI et, enfin, les coûts liés à la gestion des PAI.
  

Méthodologie

Nous avons mené des entrevues dans 14 établissements d’instructions dans l’ensemble de l’Armée de la Marine et avec deux dirigeants de la 2e Division aérienne du Canada responsable de certains groupes professionnels de la Force aérienne. Nous avons aussi mené des entrevues au quartier général du Centre d’instruction au combat et au Groupe d’instruction du personnel naval. De plus, du 24 au 28 février 2014, nos enquêteurs ont rencontré des militaires et des PAI aux établissements d’instruction de la Base des Forces canadiennes Borden.
  

Constatations

Nombre de PAI et durée de l’attente

Les difficultés suivantes se sont présentées quand nous avons voulu déterminer le nombre de PAI et la durée de l’attente.

  • La définition de PAI varie et n’est pas appliquée de façon universelle;
     
  •  Il ne semble pas y avoir de méthode solide de cueillette de données concernant le personnel en attente d’instruction;
     
  • Il n’y a pas d’approche uniforme de la gestion du PAI, car il n’y a pas d’autorité centrale qui s’en occupe;
     
  • Il n’y a ni champion au niveau des dirigeants supérieurs, ni suivi ou visibilité normalisée, ni politique exhaustive relative au PAI.
     

Impacts sur le PAI

Le problème le plus important qui est ressorti est l’absence de travail valorisant. Dans certains cas, certains militaires passeraient leurs journées sans directives précises autres que l’entraînement physique et l’inspection. Il y a un vaste consensus chez le PAI[1], ainsi que des inquiétudes chez certains supérieurs, comme quoi cette situation affecte passablement le moral des troupes, ce qui pourrait mener à la libération volontaire de candidats par ailleurs très motivés.
 

L’absence de travail valorisant, combinée aux délais d’attente très longs, peut engendrer l’érosion des compétences. Plus longue est l’attente avant de commencer la formation professionnelle, plus le PAI est susceptible d’oublier les compétences et connaissances acquises précédemment. Nous avons entendu d’autres préoccupations au sujet des militaires francophones qui subiraient des délais encore plus longs pour commencer leur formation, en raison du plus petit nombre de stagiaires et instructeurs francophones et parce que les cours en français sont généralement offerts moins souvent qu’en anglais[2].
 

Coûts liés au PAI

Dans le cadre de notre analyse préliminaire, nous n’avons pas fait d’analyse de coût exhaustive. Toutefois, en novembre 2012, le Chef - Service d’examen a publié un rapport intitulé Évaluation du recrutement et de l’instruction militaire de base. Même si le rapport ne portait pas précisément pas sur le PAI, il confirmait que les délais que subit le PAI sont dus à la mauvaise synchronisation entre la fin de la qualification militaire de base et le début de la formation professionnelle. Le CS Ex estimait que les militaires doivent attendre de trois à quatre mois en moyenne pour commencer leur formation professionnelle, ce qui équivaut à des pertes annuelles de 30 M$ en salaires gaspillés.
 

Conclusion

L’intérêt de notre Bureau envers le PAI est issu de préoccupations exprimées au sujet de l’attente très longue et de l’absence de structure avant le début de la formation de GPM. Notre évaluation préliminaire de ces préoccupations nous a permis de déceler des incohérences et un manque de coordination généralisé. Nous avons aussi identifié certaines mesures que les FAC ont mises ou mettent en place à la suite des constatations du rapport du CS Ex daté de 2012. Afin d’approfondir notre analyse des prochaines étapes à suivre (enquête et/ou intervention), nous aimerions obtenir davantage d’information sur le statut de ces initiatives.
 

Préparé par : enquêteuse
Soumis à : directrice des enquêtes
Soumis à : directeur général – Opérations 
Date : 17 juin 2014
 

[1] Situation signalée par le PAI lors de la visite de prise de contact à Wainwright, en novembre 2013, ainsi que lors de la visite de prise de contact et de l'enquête sur le PAI à Borden en février 2014.
 

[2] Ces renseignements nous ont été transmis par les chefs et le PAI, plus particulièrement au sein des établissements d’instruction de l’Armée. Cependant, il est à noter que nous n’avons pas enquêté ce sujet en profondeur dans le cadre de notre évaluation préliminaire.
 

Il faut aussi noter que notre Bureau a fait un examen détaillé de l’état des langues officielles à la BFC Borden en 2007-2008 : http://www.ombudsman.forces.gc.ca/fr/ombudsman-nouvelles-activites-medias-lettres/rgls-rapidement-problmes-langues-officiels.page ET http://www.ombudsman.forces.gc.ca/fr/ombudsman-nouvelles-activites-medias-lettres/matrice-langues-officiels-jan-08.page.

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